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L’huile de coco: un aliment sain ou une substance nocive ?

1. Sur quelles études se basent-ils? Les études ont-elles porté directement sur l’huile de coco ou juste sur les graisses saturées dans leur ensemble? L’huile de coco était-elle extra-vierge, raffinée, hydrogénée ?

L’impact d’une graisse hydrogénée est très différent de celui de cette même graisse non traitée. Dans les tests sur l’animal, la graisse de coco est presque systématiquement hydrogénée. Dans la recherche médicale, pour étudier le cholestérol, on fait monter le taux de cholestérol des animaux de laboratoire en leur donnant de la graisse de coco hydrogénée comme seule source d’acides gras. Auparavant on utilisait d’autre huiles hydrogénées (soja, maïs), avec les mêmes résultats sur le cholestérol des animaux, mais pour des raisons pratiques c’est l’huile de coco qui est utilisée actuellement. Des tests ont montré que l’on n’a pas cette augmentation de cholestérol avec de la graisse de coco non traitée et quand elle est associée à d’autres graisses. La consommation d’une seule source de graisse raffinée et hydrogénée (quelle qu’elle soit!) entraîne une carence en certains acides gras. Les régimes qui provoquent une carence en acides gras essentiels produisent toujours une augmentation des taux de cholestérol sérique, ainsi qu’une augmentation des indices athérosclérotiques. Sans oublier le fait que les huiles hydrogénées contiennent des acides gras trans particulièrement nocifs. [3],[4]

2. Ont-ils balayé d’un revers de la main les nombreuses études qui ne vont pas dans leur sens ?

Entre autres les études réalisées dans certaines îles du Pacifique sud où les maladies cardiovasculaires sont inexistantes malgré le fait que 90% de leur consommation de graisse provient de la coco.[1],[2]. Il est important de noter qu’entre les 3 populations étudiées, il y a une grande disparité de régime alimentaire: certaines mangent plus de graisses, d’autres plus de glucides. Mais il y a 3 points communs: la graisse de coco comme principal apport en graisses, peu d’aliments industriels et pas de maladies cardiovasculaires. Les chercheurs ont été étonnés par la maigreur de ces populations malgré leur grande consommation de calories. Il a été montré que lorsque des individus de ces groupes ont migré vers la Nouvelle-Zélande et ont réduit leur consommation d’huile de coco, leur taux de cholestérol LDL (le mauvais) et de cholestérol total ont augmenté, et leur taux de cholestérol HDL (le bon) ont diminué [2]

Des études similaires ont été menées aux Philippines et au Sri Lanka avec des résultats équivalents.

Les études montant les bienfaits de l’huile de coco se comptent par centaines. Sur son rôle préventif pour les maladies cardiovasculaires, sur ses effets anti-cancer, son action anti-microbienne et anti-virale, son impact positif sur l’intestin, son effet rééquilibrant hormonal. Une revue non exhaustive de ces études peut être trouvée (en anglais) ici sur le site de la Weston Price Foundation (organisation américaine créée par des chercheurs indépendants afin de promouvoir les régimes alimentaires traditionnels et montrer l’impact des aliments industriels)

3. Serait-il possible que certains membres de ce conseil supérieur de la santé aient subi l’influence de l’un ou l’autre lobby de l’industrie alimentaire ?

L’American Soybean Association est connue pour son lobbying intense auprès des équipes de recherche et des décideurs aux Etats-Unis, et est la grande gagnante de la vague de démonisation des graisses saturées.

L’auteur de l’article dont on parle ici a également écrit dans le même journal quelques jours plus tôt un article intitulé « Comment l’industrie du sucre a acheté la science ». Cet article est lisible uniquement pour les abonnés au journal, mais le résumé est édifiant: « Des recherches ont été cachées ou modifiées grâce à la corruption. L’impact sur la santé publique est majeur. Ce pourrait être le scandale sanitaire de l’année: une longue enquête parue cette semaine dans le journal Jama Internal Medicine démontre que l’industrie du sucre a, depuis un demi-siècle… »

Qu’en est-il alors ?

Les recommandations des experts du Conseil supérieur de la santé reflètent l’avis personnel des experts qui en font partie, ou du moins le consensus auquel ils sont arrivés, mais ne reflètent en aucun cas l’unanimité des conclusion des différentes recherches sur l’huile de coco. Je cite Walter Willett, nutritionniste en chef de l’université de Harvard: « Nous ne savons pas exactement comment l’huile de coco affecte les maladies cardiaques ».

Il est vrai que qu’il court des rumeurs folles sur les bienfaits de l’huile de coco. On lui attribue toutes les vertus: elle aurait des calories négatives, serait un remède miracle contre le cancer, les maladies auto-immunes, renverserait les signes de l’âge,… Ces informations sont parfois surfaites ou sorties de leur contexte. Par exemple les vertus anti-cancer de l’huile de coco ont été étudiées mais uniquement dans le cadre strict d’une diète cétogénique.

Que faire avec tous ces avis contradictoires ?

Simplement comme pour chaque aliment, suivre ces quelques règles de bon sens:

  • Acheter les aliments sous leur forme la plus naturelle et la moins transformée possible, quitte à les transformer soi-même. Eviter donc les huiles hydrogénées riches en acides gras trans, les margarines et autres aliments préparés avec des graisses de faible qualité.
  • Ecouter son corps. C’est lui qui a raison. Si en consommant de l’huile de coco vous êtes en meilleure forme, de meilleure humeur, vos selles sont de meilleure qualité, vous n’avez plus de faim intempestive, de compulsions alimentaires, d’envies de sucré, c’est bon, le mieux-être que vous ressentez est la meilleure preuve que cette huile n’est pas nocive pour vous! Si au contraire vous vous sentez lourd, fatigué, avez des réactions de type allergique, c’est que l’huile de coco ne vous convient pas.
  • Eviter les excès quels qu’ils soient. L’huile du coco vous convient bien? Tant mieux! Mais ce n’est pas une raison pour ne consommer que cela. Ne vous privez pas des acides gras mono-insaturés (huile d’olive) et poly-insaturés (huile de tournesol, noix), ils sont essentiels pour l’équilibre des graisses!

Et l’huile de palme ?

Je reprends ici les mots du professeur Yvan Larondelle, du laboratoire de biochimie de la nutrition, qui s’exprime sur RTL dans dans l’émission « Coûte que Coûte » du 2 décembre 2015:

« Définitivement, l’huile de palme n’est pas un poison. Qu’on se mette bien ça dans la tête, les consommateurs sont influencés peut-être par un certain nombre de groupes de pression, ont commencés à être effrayés de plus en plus par l’huile de palme, mais ce n’est pas un poison. (…) Il ne faut pas diaboliser ni l’huile de palme, ni le beurre. Le problème n’est pas de les vilipender ou de les proscrire, le problème est de les consommer en quantités raisonnables.(…) Les acides gras trans industriels, eux, sont vraiment démontré comme ayant des effets négatifs sur la santé. »

En conclusion, mon avis est qu’il manque juste un mot au titre de l’article du journal Le Soir: « L’huile de coco aussi peu nocive que l’huile de palme! »

[1] Lindeberg S, et al. Age relations of cardiovascular risk factors in a traditional Melanesian society: the Kitava study. Am J Clin Nutr. 1997;66(4):845-52. « The modest or absent relations between the indexes measured and age are apparently important explanations of the virtual nonexistence of stroke and ischemic heart disease in Kitava. »

[2] Prior IA, et al. Cholesterol, coconuts, and diet on Polynesian atolls: a natural experiment: the Pukapuka and Tokelau island studies. Am J Clin Nutr. 1981;34(8):1552-61 « Vascular disease is uncommon in both populations and there is no evidence of the high saturated fat intake having a harmful effect in these populations. »

[3] Awad AB. Effect of dietary lipids on composition and glucose utilization by rat adipose tissue. Journal of Nutrition 111:34-39, 1981.

[4] Hostmark AT, Spydevold O, Eilertsen E. Plasma lipid concentration and liver output of lipoproteins in rats fed coconut fat or sunflower oil. Artery 7:367-383, 1980.

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